24 Janvier 2018
La question peut paraître simple au premier abord, mais il est important de préciser ce qu'est une identité d'un point de vue sociologique. L'identité, est ce qui nous définit, ce qui nous décrit en tant que personne. Mais comme on peut l'imaginer, chaque situation dans laquelle on se trouve va venir la transformer. Ainsi, on ne sera pas le même lorsque l'on est au travail, dans un cadre familial ou dans une rendez-vous professionnel. De plus, il est important de rappeler que notre identité n'est pas forcément liée ce que l'on pense de nous-même, mais fait intervenir les représentations qu'ont les autres personnes de nous.
Il y a l'identité pour soi, l'identité pour autrui et l'identité construite par la personne qui est en face de nous à notre égard. Tout va dépendre du regard que l'on porte sur ce que l'on est mais ce que l'on fait et comment on le fait.
"Qui êtes vous ?"
Cette question, tout un chacun se l'est déjà posée ou l'a déjà posée à quelqu'un. La réponse va alors varier en fonction des situations. Est-ce que l'on est d'abord un travailleur exerçant dans un type d'activité (menuisier, ingénieur, instituteur...) ou est-ce que l'on est d'abord une personne avec un prénom un âge. On peut remarquer que ce sont souvent ces trois éléments qui sont mis en avant lors d'une conversation.
"Je m'appelle Untel j'ai Tel âge et j'exerce Tel type de métier"
Lors d'une première rencontre, ces éléments vont être fondateurs de la suite de la conversation. Ce sont les éléments de base qui vont permettre la construction de la relation. C'est, ce que l'on appelle la représentation mentale que l'on se fait de nous-même et que l'on donne à voir à l'autre, c'est l'identité pour autrui.
L'identité professionnelle est celle qui nous identifie en tant que travailleur exerçant une activité rémunérée. Mais elle n'est pas simplement une description du poste que l'on fait dans l'entreprise, elle fait référence à notre parcours professionnel et à notre expérience.
Il faut donc percevoir l'identité comme une co-construction avec l'environnement, avec le études que l'on a fait. Mais que se passe t-il en cas de rupture d'emploi ? L'identité professionnelle est-elle interrompue pour autant ? Voilà la question essentielle de cet article. Prenons l'exemple d'une personne qui vient d'être licencié et qui vient de perdre son emploi. cette rupture ne va pas venir "interrompre" son identité, mais elle pourra néanmoins transformer comment elle se perçoit. L'identité n'est pas à penser sous la forme d'un continuum mais également comme un cheminement. Le chômage peut affaiblir et fragiliser ce parcours et ce jusqu'à ce qu'elle retrouve un emploi, un poste et un rôle à jouer dans une entreprise. L'image et l'identité que cette personne aura d'elle-même devra s'adapter à son nouvel environnement.
Pour le cas d'une personne en situation de handicap, l'idée est identique. A la seule exception qu'elle va devoir passer par une RQTH ( Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé) qui lui sera donné par la CDAPH (Comission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées) qui fait partie de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapés). Néanmoins, elle aura construit son identité professionnelle bien avant.
Le handicap est soit une rupture (accident) soit une continuité ( handicap de naissance ou acquis très tôt dans l'enfance). Néanmoins, comme on a pu le voir, construire son identité professionnelle lorsque l'on est dans une situation de handicap va inclure de nombreuses ruptures, de nombreuses désillusions et une remise en question constante. La différence liée au handicap va induire de nouveaux types de représentations sociales de la part de l'environnement et va d'une manière implicite influencer la manière dont elle se perçoit.
Son identité va alors parfois s'ancrer sur sa différence : "Je suis un(e) travailleur(se) handicapé(e)". Ce qui va modifier la manière dont elle va percevoir le monde de l'entreprise, sa place de parking réservée et son insertion professionnelle.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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