22 Janvier 2018
Les ESAT sont des centres spécialisés dont la dénomination est la suivante : Établissements ou Services d'Aide au Travail. Ils ont été mis en place suite à la loi du 11 février 2005 dont je parlerais dans un autre article. Ces établissements sont venus remplacer les CAT (Centres d'Aide par le Travail) et permettent aux personnes ayant des handicaps physiques, mentaux ou psychique de pratiquer une activité rémunérée. Je n'emploi pas le terme travail, car les personnes inscrites à l'ESAT ne font pas parti du code du travail alors qu'ils sont définis comme des travailleurs handicapés, même si le terme "usager" est souvent employé.
Lors de ma deuxième année de M2 en sciences de l'éducation et de la formation, j'ai fait mon mémoire de recherche sur les besoins de formation des travailleurs handicapés en ESAT dans la région Grand-est ( que l'on nommait Région Champagne-Ardennes). J'ai pu travailler dans différents ESAT de la région. Voilà pourquoi j'aimerai aller au-delà d'une simple description des objectifs de ces établissements et apporter une touche plus personnelle.
J'ai pu rencontrer des travailleurs, des chefs d'atelier et des directeurs d'établissements. Les discours sont très différents, que ce soit entre les directeurs, entre les moniteurs ou chefs d'atelier et les travailleurs. Les objectifs des structures, même s'ils sont encadrés par une législation qui prône l'accompagnement et l'insertion professionnelle sont intimement liés à l'histoire de l'établissement, mais pas seulement...
Décrire ce type de centre ne peut pas se faire sans parler de la tension qui existe en son sein. Car les politiques de l'établissement sont à la fois liées au monde de l'entreprise avec un soucis de la productivité. J'ai pu voir des ESAT qui ne proposaient que des activités rentables économiquement et j'ai pu voir au contraire des directeurs qui me disaient "Le but d'un ESAT n'est pas d'être rentable, mais de proposer le maximum d'activités diversifiées aux travailleurs". Ce monde de l'entreprise et de la productivité doit pouvoir exister en même temps que l'accompagnement social lié à l'insertion professionnelle.
Ainsi, certains directeurs avaient des objectifs essentiellement liés au monde social sans se préoccuper de l'aspect économique et d'autres directeurs n'avaient pour intérêt que la rentabilité de l'établissement. Ce sont des objectifs institutionnels qui avaient alors un impact sur les moniteurs d'atelier, qui eux ont un impact direct sur les travailleurs.
Quel est l'intérêt de proposer une formation dans un domaine autre que celui de l'atelier ? Comment les besoins de formation des travailleurs sont-ils entendus, reçus et interprétés par les moniteurs ?
Ces deux questions sont au coeur même de la description d'un ESAT. Je ne dis pas que les objectifs doivent être plus du côté social que du côté économique, mais il faut prendre conscience qu'il existe également dans ce domaine une volonté d'équilibre pour que ces ESAT soient les plus compétents et attractifs. Après... ce débat ouvre également vers un autre. Que faire à la sortie d'un ESAT ? Qu'elles sont les possibilités d'orientation vers le milieu ordinaire de travail ?
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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