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Pourquoi une thèse sur le handicap ? (2)

Pourquoi une thèse sur le handicap ? (2)

Mon voyage m'a ensuite emmené jusque dans la région qui s'appelait encore Champagne-Ardenne et qui est devenu cette année la région grand-est. J'avais au préalable fait une demande à la fac de l'urca pour intégrer leur Master de psychologie cognitive. Mais ce n'était pas possible, j'avais déjà validé un M1 en psycho et ils ne pouvaient m'accepter qu'en M2, mais je n'avais aucune connaissance en psychologie cognitive.

La psycho était alors devenue un chemin universitaire que je ne pourrais sans doute plus jamais arpenter. J'ai donc cherché autre part, autre chose et je suis tombé sur le master CIREF Mention HBEP ( handicap et besoin éducatif particulier) à Châlons-en-Champagne. J'ai vécu pendant un mois à l'hôtel avec mon frère, ma belle soeur et leur chien. Puis ils ont trouvé un appartement à Reims et je faisais alors les allers retour Reims-Châlons tous les jours pour aller en cours. Ça a duré pendant quelques mois... jusqu'à ce que je trouve enfin un appartement à Châlons. C'était plus pratique. L'aventure a donc recommencé.

J'avais quitté un Master où les cours étaient très longs et occupaient la quasi-totalité de la journée et je me retrouvais à Châlons dans un Master ou nous n'étions que 2 dans notre mention. Les autres étaient à Reims. Pour autant, c'est durant cette période que j'ai enfin appris à aimer l'université. Les profs que j'ai eus m'ont impressionné, enfin... ceux que je voyais directement et qui nous donnaient des cours sur le handicap et la pédagogie à adopter avec des enfants à besoins éducatifs spécifiques.

Je me passionnais enfin pour une matière. J'étais forcé de participer en cours. Il fallait que je sois motivé pour y aller en à partir de 17h jusqu'à 20h le soir. Parce que les cours n'étaient que le soir, parce que c'était un master en alternance.

J'avais toute la journée pour réviser, pour faire " ce que je voulais". J'étais loin de ma famille ( plus de 800 km). Alors, c'est comme cela que j'ai fait mes premiers pas en science de l'éducation, une discipline qui me plaisait parce qu'elle touchait enfin la population des enfants et des adolescents, moi qui n'avais fait que des stages avec des personnes âgées. J'avais en face de moi la jeunesse, certes fragilisée, mais pleine de volonté et de dynamisme.

Plus le temps passait, plus je prenais le rythme des cours et je m'occupais la journée à réviser le CNED pour passer le concours de Conseiller d'orientation psychologue. Comme quoi, la psycho ne m'avait pas encore totalement abandonné. Puis, l'hiver vient et je me retrouvais seul à suivre des cours en Visio conférence. Il faisait froid, mais il y avait un piano et chaque fois que le prof faisait une pause, je me chauffais les doigts en jouant. Ce sont des moments complexes dans la vie d'un étudiant, mais ce sont des évènements qui forgent le caractère. J'étais motivé plus que jamais à suivre ces cours parce que c'était mon seul moment d'interaction de la journée. 

Les cours que j'avais à Châlons étaient géniaux et j'appris alors que la notion du temps pour les enfants en souffrance ou en situation de handicap était différente. La pédagogie a besoin de prendre conscience de cette notion de temporalité. L'enfant ne peut pas répondre instantanément à son enseignant, il a besoin d'un temps pour réfléchir.

C'est d'ailleurs ce que je fis remarquer à un enseignant en Visio-conférence qui me posait une question et qui attendait une réponse immédiate. "Laissez-moi 5 minutes pour réfléchir et je vous donne ma réponse". Bien entendu, il ne me laissa pas le temps et passa à autre chose, à quelqu'un qui avait la réponse qu'il attendait et qui n'était pas ma réponse. 

Cette année, je n'avais pas de stage, seulement un mémoire que je loupais en ayant seulement la moyenne. Mais je réussis néanmoins à passer en seconde année de Master qui allait réellement définir ma voie.

 

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À propos
Jérôme Jouret

Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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