28 Mars 2018
Je ne savais pas encore à quoi consistait la réalisation d'une thèse. J'en avais une idée vague, c'était un travail dur complexe, à la fois passionnant et éreintant et on n’en ressortait pas indemne. Je commençais à aborder l'idée avec ma directrice de mémoire. Et elle me dit clairement que ce ne serait pas facile, qu'il n'y avait pas de poste de Maitre de conférences à l'université et qu’en science humaine et sociale il n'y avait que très peu de financement. Mais c'était un projet que je voulais mener à bien malgré les épreuves. Pour autant, je me consacrais entièrement à la réalisation du mémoire, je rencontrais des directeurs d'établissements, de moniteurs des travailleurs d'ESAT.
J'avais un bureau et les personnes dans un local isolé dans un ESAT et les personnes que je côtoyais se demandaient toutes ce que je faisais parce que je ne sortais jamais de l'établissement. J'étais seul dans mon travail, à travailler et retravailler le questionnaire à contacter les directeurs d'ESAT. Je partais alors à l'autre bout de la région pour faire des entretiens avec une voiture de location la plupart du temps ou en train.
J'enregistrais et je passais alors à la retranscription. C'était un travail de longue haleine, mais passionnant. Et même si je gardais au fond de mon esprit la possibilité de faire une thèse, cela passait au second plan. Je m'éloignais de mes camarades de promo, même si nous faisions quelques soirées. Les cours étaient de plus en plus sporadiques et je passais mon temps dans la bibliographie et dans la retranscription des entretiens.
Ma directrice de mémoire me dit alors que le Master dans lequel j'étais était un Master pro et que techniquement je devais faire un mémoire recherche. En plus, je devais avoir la mention très bien au Master sinon, ce n'était même pas la peine d'espérer faire une thèse. C'était un challenge et je redoublais d'efforts. Je validais mon année avec la mention très bien et j'étais donc éligible pour faire une thèse. Mais c'était trop tard pour faire les demandes de financement et si je voulais poursuivre, j'avais la possibilité de trouver un CIFRE qui est un partenariat professionnel avec une entreprise qui s'engage à me rémunérer pendant trois ans, soit attendre un an et faire la demande "classique" auprès de l'école doctorale.
Mais rapidement, le CIFRE s'avéra impossible à mettre en place, mais ma motivation était toujours au rendez-vous. Je m'inscrivis alors en thèse sans financement, mais rapidement ma directrice de mémoire parvint à me convaincre d'attendre un an et de tenter le concours de l'école doctorale. J'abandonnais mon idée, déçue. Mais il fallait que je trouve quelque chose à faire, je ne pouvais pas rester un an sans occupation. Financièrement, c'était complexe, je passais par la case pôle emploi, mais ils n'avaient rien à me proposer mis à part une suivie régulier. Je tentais l'intérim, mais je fus rapidement mis en face de l'évidence : mon Bac +5 me handicapait au niveau de la recherche d'emploi.
Jusqu'au jour où on me proposa de tenter le service civique... et là une autre aventure débuta.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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