30 Mai 2018
Actuellement, je travaille sur une notion toute particulière, celle de parcours. Notre société est actuellement centrée sur les notions d'évolution sociale, économique et politique, même si parfois l'idée même de changement est déstabilisante et remise en question par les travailleurs. Qu'est-ce que ces implique de devoir s'adapter à notre poste de travail et à être polyvalent ? Derrière cette notion de polyvalence, il y a l'idée de la remplaçabilité. On doit être capable de remplacer son collègue de travail à tout moment et en toute circonstance ce qui implique une flexibilité mentale extrêmement importante.
La notion de parcours est changeante en fonction des époques et des sociétés. Et elle est en débat lorsqu'il s'agit de se spécialiser. Plus on avance dans les hautes études ou dans la haute technicité, on acquiert une expérience différenciée qui n'est parfois applicable qu'à une petite partie de l'économie ou de la productivité. Mais alors dans quelle couche salariale est-on à la recherche de cette notion d'adaptation ? Un chef d'entreprise doit être spécialisé dans la gestion de son entreprise. Un commercial doit être spécialisé en communication, un technicien de surface doit être spécialisé dans les tâches qu'il accomplit chaque jour.
Cette notion d'adaptation est présente lorsque l'on en vient à parler en termes de compétences. On parle alors de compétences dites transversales qui vont permettre à l'employer de gérer à la fois son poste, mais également celui de son voisin. Ce qui va lui permettre d'avoir une vision plus globale. Un médecin généraliste ne pourra pas opérer une tumeur dans le cerveau d'un de ses patients. Mais il aura néanmoins la compétence suffisante pour orienter son patient vers un spécialiste compétent.
Il y a donc deux niveaux à analyser ici : un niveau de transition générale entre ceux qui sont capables d'avoir une vision globale et ceux qui sont capables d'avoir une vision spécialisée. L'entreprise fonctionne de la même manière. Lorsqu'un employé va détecter un problème sur son poste de travail, il aura la compétence de le détecter, mais pas forcément de le résoudre.
Pourquoi parle-t-on de parcours du combattant ? Que ce soit avec le travailleur handicapé ou le travailleur en recherche d'emploi. Parce que cette notion d'adaptabilité est un frein à la sécurité de l'emploi et rajoute un stress supplémentaire. Là ou d'un côté on est à la recherche de l'inclusion professionnelle et de l'adaptation du poste au travailleur, il existe l'autre versant lié au turnover et à l'accumulation des CDD sans possibilité de faire un CDI.
Mais pourquoi ce choix est rentable et surtout est-ce que ce choix est rentable ?
La survie professionnelle, personnelle et sociale est liée à la notion de travail. Que ce soit dans sa recherche active, ou dans l'obtention de multiples postes qui mènent chaque fois à une orientation différente. Le parcours est alors semé d'embuches et de réorientation. Il n'est plus seulement visible en termes de progression hiérarchique au sein d'une même entreprise, mais également dans une évolution en termes de postes effectués.
Il n'existe à l'heure actuellement que peu de réponses satisfaisantes quant à cette problématique et à ce questionnement, mais la préoccupation politique, manda après manda est liée à cette dualité de gestion du chômage et gestion des transformations sociales nécessaires. La thématique de la gestion du handicap au travail est alors mise de côté alors qu'elle apporte avec elle l'importance de la fixité des postes et l'idée d'inclusion professionnelle. Le chemin est encore long à parcourir.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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