28 Juin 2018
Lorsque l'on entre pour la première dans le monde du travail, la première chose qui nous vient à l'esprit est celle du "combien est-ce que je vais gagner ?" Quel est mon salaire ?
L'argent devient alors une motivation suffisante pour s'accrocher à son premier CDI bien qu'il soit de plus en plus rare d'en obtenir un. Car la recherche d'emploi est souvent délicate, car parfois on n’a pas assez d'expérience dans le domaine. Mais comment avoir de l'expérience si on ne propose pas des postes qui n'en nécessitent pas ?
Il convient alors de faire la distinction entre les qualifications, les compétences et l'expérience. Les qualifications sont souvent synonymes de diplômes validés par l'état, que ce soit le BAC, la Licence ou le Master. Mais obtenir un diplôme ne veut pas forcément dire acquérir les compétences requises. Car une différence existe entre la théorie et la pratique. Et c'est souvent le reproche que font les grandes entreprises lorsqu'elles se retrouvent avec une personne qui a un Master 2 et qui n'a pas été formé au terrain.
Pour pallier à cela, il existe de plus en plus des stages en entreprises, des stages professionnels qui ont pour vocation de montrer "la réalité du terrain" aux étudiants et à ceux qui sont en formation. Mais qu'apprend véritablement un stagiaire ? Car une entreprise n'a pas pour intérêt de former un stagiaire qui ne travaillera pas dans l'entreprise. Alors, les stages sont souvent d' "observation" et ont pour objectif principal d'explorer un terrain, l'analyser, tirer des conclusions et faire un rapport de stage.
Mais... comment faire lorsque la personne, l'étudiant, le lycéen ou le collégien est en décrochage scolaire, qu'il ne souhaite plus retourner à l'école, qu'il n'a pas les diplômes requis et qui souhaite tout de même avoir un travail, gagner sa vie et être indépendant ? Il existe pour cela une appellation : les "basses-qualifications", mais j'irais même jusqu'à dire " les non-qualifications". S'ils ont moins de 16 ans, le système scolaire ne les laissera pas tomber et ils devront choisir une voie parfois imposée par l'éducation nationale.
Existe-t-il encore des métiers qui ne demandent pas le bac ? Ni le CAP ni le BEP. Des métiers pour ceux qui n'ont aucun diplôme, mais qui par ailleurs peuvent être très compétents et avoir beaucoup d'expérience dans un domaine précis. Je parle de cette thématique-là parce qu'elle est centrale lorsque l'on parle de handicap et surtout, de handicap dit mental ou de déficience intellectuelle.
Parce qu'il n'existe pas beaucoup de personnes porteuses de trisomie 21 avec le bac, le CAP, le BEP. Pour autant ils bénéficient de formations techniques de qualités lorsqu'ils sont en ESAT et qu'ils réalisent des tâches complexes et qui nécessitent une expertise de haute précision. Mais dans le monde du travail ordinaire, ces compétences, même si elles sont actuellement validées sous la forme de Reconnaissance d'acquis d'expérience ( RAE) elles n'ont que peu de valeurs quand on parle de qualification.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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