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Mon enfant va à l'école ordinaire

Mon enfant va à l'école ordinaire

Derrière cette phrase, il faut comprendre plusieurs choses. L'enfant en situation de handicap ou plus précisément à besoins éducatifs particuliers lorsque l'on parle du milieu scolaire est accompagné à l'école par une AVS ( une assistance à la vie scolaire) qui l'aide à prendre des notes à l'école et qui est une passerelle entre l'enfant et son enseignant. 

Tous les types de handicaps ne sont pas pris en charge de la même manière, ainsi toutes les AVS savent comment agir avec chacun des enfants qu'ils ou elles accompagnent. Mais comment faire pour ne pas gêner l'apprentissage et l'enseignement réalisé par l'enseignant ?

Je pointe cet élément parce qu'il met en avant que la situation de séparation a été détournée au fil du temps. Ce sont des entreprises extérieures qui interviennent dans les écoles pour aider les élèves alors qu'il serait effectivement plus pratique d'avoir des enseignants formés au métier d'AVS. Il existe des enseignants spécialisés qui travaillent en IME ou dans des classes ULIS.

Mais on en revient toujours au même point de discorde. Il est difficile d'adapter le contenu de son enseignement à la fois aux élèves ordinaires et aux élèves à besoins éducatifs particuliers. Parce que d'un côté il y a ceux qui comprennent tout de suite ( les bons élèves) et ceux qui ont du mal à comprendre ou qui du fait de leurs difficultés auraient besoin de plus de temps. 

Ce qui vient gêner est donc lié au facteur temps. À l'école ordinaire, l'accent est porté sur le respect du programme national, les heures de classe et l'obligation de suivre sa scolarité jusqu'à l'âge de 16 ans. Dès qu'un élève est en retard, a une mauvaise note ou aurait besoin de plus de temps pour comprendre, le discours est identique. " Nous avons un programme " ou alors "Nous n'avons pas reçu de formation liée à la prise en charge du handicap".

Alors, les élèves qui ont besoin de plus de temps sont orientés vers des sections et des classes adaptées. C'est cela l'école ordinaire, qu'on le veuille ou non, nous parlons de "classes" de cours, "d'évaluation", mais également de décrochage scolaire et d'échec scolaire. Les meilleurs élèves passeront dans les classes supérieures alors que les moins bons redoubleront ou iront dans des milieux adaptés qui sont parfois connotés négativement (SEGPA).

Pourquoi n'ont-ils pas le temps d'expliquer à chaque élève d'une manière individuelle le cours qu'ils font ? Parce qu'il y a un programme.

Comment évalue-t-on les compétences des élèves ? Ce sont les savoirs et les connaissances que l'on évalue. 

Ceux qui ont des facilités d'apprentissage scolaire sont donc favorisés par rapport aux autres élèves. Ils sont dans la même classe, ce qui a tendance à accentuer cette séparation et à ne pas favoriser la coopération, parce que ce n'est pas ce qui est encouragé.

La transmission des connaissances et des compétences est à la base même du bon fonctionnement de notre société. Mais alors que les technologies évoluent autour de nous, le mode de transmission lui n'évolue pas. 

Chaque enfant a son propre rythme de travail, il est donc important de lui laisser le temps de comprendre pour que les connaissances qu'il veut acquérir lui soient utiles. Il n'a pas vraiment besoin d'un enseignant dans une classe en situation de stress et de compétition avec les autres élèves, il a besoin de calme, d'un guide dans ses réflexions et ses connaissances. Finalement, il a besoin d'un tuteur plutôt que d'un sage qui aurait acquis toutes les connaissances.

Favoriser l'autonomie, c'est aussi favoriser la réflexion, la créativité. Il est peu probable qu'il en ait l'occasion dans une salle de classe en face d'un enseignant. L'enfant sait alors que le moindre écart par rapport aux autres va entraîner des sanctions. S'il montre qu'il en sait plus que l'enseignant, il devra se brider. Il sera frustré. S'il montre qu'il ne comprend pas, il sera sanctionné par une mauvaise note qu'il devra justifier auprès de ses parents. C'est cela l'école ordinaire. Alors il y a du décrochage, parce qu'il n'y a pas d'intérêt à l'école.

L'enfant devra se forcer à rentrer dans le moule de "l'élève" et pas forcément de "l'apprenant".

À vous de voir ce que vous voulez : l'obéissance ou la créativité.

 

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À propos
Jérôme Jouret

Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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