10 Octobre 2018
Je n'ai pas écrit d'articles depuis quelques jours, mais je reprends la plume pour vous expliquer le pourquoi du comment. Comme vous le savez, je suis en thèse, je suis doctorant en sociologie et pour ceux qui ne le savent pas et qui viennent juste de rejoindre la page, vous le saurez maintenant.
Si je fais cet article, c'est pour plusieurs raisons, la première c'est que je suis encore débutant dans la recherche. C'est un processus long de passer du cadre de l'étudiant au doctorant, mais c'est un processus encore plus long de passer de doctorant à celui d'enseignant. Car j'ai pu faire mes armes et faire deux Cours Magistraux. Ce sont là des moments stressants et qui demandent un temps d'investissement extrêmement long.
Voilà pourquoi je vous en parle. Parce que je n'ai jamais appris un seul cours par coeur dans toute ma scolarité, que ce soit en psychologie, en science de l'éducation ou maintenant je n'ai pas fait d'effort de mémoriser quelque chose par coeur seulement parce qu'il le fallait. Vous me direz alors que je n'ai rien appris durant toutes ces années universitaires et bien je vous répondrais aisément qu'il existe une multitude de façon d'apprendre sans pour cela s'encombrer l'esprit de notions apprises par coeur et qui n'ont aucun sens pour nous.
J'ai commencé à apprendre quand j'ai commencé à participer en cours. Mais je n'ai participé en cours que lorsque j'ai eu des choses à dire à critiquer et à remettre en question. J'ai essayé de noter des définitions, de les apprendre par coeur, mais ça ne tenait pas, ce n'était pas logique. Quand on est intéressé par une matière, on se renseigner dessus, on essaie d'approfondir, d'aller au-delà de ce que l'on nous enseigne.
J'apprends en lisant ce qui me plait et s'il le faut, je relis le texte. Je lisais Jung alors qu'on me parlait de Freud, je pensais psychologie sociale alors que j'étais en psychologie clinique. J'étais en décalage avec le cours, ce qui m'a permis de remettre en question et donc d'apprendre le fonctionnement du cours qu'on me dispensait. J'étais un élève timide réservé au collège , au lycée, parce que le système scolaire ne me convenait pas. Maintenant j'ai l'impression d'avoir perdu des années d'apprentissage et de compréhension.
Mais alors pourquoi ce titre ? Pourquoi enseigner est la meilleure manière d'apprendre ?
Mon premier Cours magistral s'est mal passé et je n'aurais pas aimé m'avoir comme prof. Je ne maîtrisais pas mon sujet, je lisais mon cours sans le comprendre. Parce que je ne m'étais jamais retrouvé dans cette position, parce que j'étais toujours doctorant sans être enseignant. Mais comment franchir cette barrière ? Cette transition professionnelle, cette nouvelle identité professionnelle ?
L'expérience y joue beaucoup, mais ce n'est pas l'élément fondateur. Ce qui importe pour un nouvel enseignant c'est de pouvoir créer son propre cours qu'il va alors tester avec des étudiants, qu'il va compléter chaque année et mettre à jour. Mais la structure du cours de base restera toujours la même.
Et finalement j'ai fais mon propre cours, mes propres diapositives, en me basant sur les cours qu'on m'avait donné. J'ai du reconstruire un cours pour mieux me l'approprier. Et ça a été mieux, j'ai gagné en confiance, mais j'ai également compris que ce n'était que le début du chemin.
Et j'ai appris à nouveau des notions, sans avoir à les apprendre par coeur. Alors de l'enfant timide à l'enseignant, il y a de nombreux paliers mais dès que l'élève se met à parler pour critiquer ou donner son avis, il faut parfois savoir se taire pour le laisser parler, parce que c'est dans l'argumentation, dans l'interaction qu'il va apprendre. Mais il faut prendre le risque de l'écouter, d'être critiqué et remis en question.
Il faut pouvoir dire à l'enfant : " Je ne sais pas, mais la prochaine fois je te donnerais la réponse."
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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