3 Octobre 2018
C'est un terme que l'on entend beaucoup et que l'on a parfois du mal définir et ce même en sociologie et en sciences humaines. Chaque discipline a sa propre définition.
Le but de cet article n'est pas d'apporter une définition unique, mais d'essayer de comprendre comment a été pensé et conçut la notion de représentation sociale. D'où provient-elle ? Est-ce que l'on parle de représentation sociale pour soi ou par autrui ?
C'est à partir de ces deux questionnements que l'on va développer cette notion. Le monde qui nous entoure est issu de notre perception personnelle parce que c'est le seul angle de vue que l'on connaisse. Nous vivons notre vie à la première personne, mais nous vivons également en interaction avec notre famille dans un premier temps, nos amis, nos collègues de travail. C'est ce que l'on va appeler le réseau social.
Ce bon philosophe nommé Aristote parle à son époque de l'homme comme un animal social, dans le sens où il est intégré à la cité. Dès lors qu'il n'appartient plus à la cité, il de vient un simple animal, une bête. Comme si le seul devenir civilisé de l'animal est d'être en interaction avec d'autres animaux, de communiquer et d'échanger dans un cadre législatif artificiel et avec des normes qui limites ses actions.
Comme ledit très bien Durkheim : « Un homme qui ne penserait pas par concepts ne serait pas un homme ; car ce ne serait pas un être social, réduit aux seuls percepts individuels, il serait indistinct et animal »
entrer dans le social, c'est donc entrer en interaction avec autrui. C'est de cette rencontre que va naitre le concept de représentation social, parce que sans personne pour se montrer, il n'y a nul besoin de se présenter ni de se représenter. Voilà pourquoi on parle de représentation "sociale" qui est une des conséquences de l'interaction sociale. Plus l'interaction sera longue, plus la représentation sociale que l'on aura d'autrui nous semblera précise.
La représentation sociale commence alors seulement à exister parce qu'il y a un autre. Et c'est de cette représentation sociale d'autrui que l'on va construire la représentation sociale que l'on a de soi. Et c'est celle-là que l'on va montrer lorsque l'on se trouve dans une interaction sociale.
Les représentations sociales sont également - de par leur interaction avec la société - porteuses de nouvelles notions comme celles de préjugés et de stéréotypes. Car se représenter à autrui c'est également prendre le risque qu'il nous compare avec une catégorie sociale préexistante et qu'il a établie avec des normes spécifiques.
C'est un des effets pervers des représentations sociales. Nous vivons dans un monde de catégories sociales et de représentations sociales préétablies. Mais de ce fait, nous vivons également dans un monde ou chacun a envie de mettre en avant sa propre vision du monde et ses propres représentations sociales.
Comment s'exprime alors ce besoin d'individualisation dans un monde de représentations sociales et de catégories sociales ?
Car au sein même de ces catégories sociales, il existe des groupes professionnels qui dépendent eux-mêmes de normes spécifiques et au sein même de ces groupes professionnels, il existe des professions différentes, des entreprises privées, des chefs d'entreprises, des directeurs d'établissements, des conflits sociaux entre les employés et la direction, des syndicats spécialisés.
Bref notre cité a bien évolué depuis Aristote, elle s'est spécialisée, mais le principe même des représentations sociales et le même et il existe toujours des personnes qui sont mises en dehors de la cité.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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