25 Octobre 2018
Cette question, je me la pose actuellement, mais c'est une question qui n'entre que très rarement dans le débat des idées. Nous sommes divisés et nos sujets de recherches sont parfois très éloignés les uns des autres. Nos méthodologies, nos théories explicatives sont des barrières entre les différentes disciplines de la sociologie.
Mais d'où vient ce clivage et pourquoi avons-nous perdu l'écoute des sociétés, des états au profit de l'économie et de la rentabilité ? Qui sont les "conseillers du prince" ? Certainement pas les sociologues, parce que peu à peu ils se sont éloignés des thématiques sociales et culturelles. On se base sur des théoriciens qui ont une vision qu'il faudra pouvoir remettre à jour à permanence.
Car la sociologie est une science sociale et de ce même coup, elle se doit d'être évolutive et de suivre le cours de son temps. Ce qui m'a mis la puce à l'oreille c'est le livre de Didier Demazière et Morgane Jouvenet qui parle de l'héritage de l'école de Chicago. C'est autour de cette école de la sociologie contemporaine des États Unis s'est développée, mais en Europe et plus particulièrement en France, il semblerait que nous n'ayons pas cette même envie de créer une école de pensée sociologie qui pourrait malgré toutes les diversités de mythologies, de recherche de créer des thématiques de recherche et de réflexion.
Il est difficile d'innover en sciences sociales et plus particulièrement en sociologie parce qu'on a souvent l'impression que cette science est figée dans un moule théorique et conceptuel hermétique. Alors, que ce n'est pas le cas et qu'il suffit parfois d'un peu de bon sens pour comprendre ce dont on parle. Nous ne sommes plus des conseillers, mais des perturbateurs de conscience parce que il est difficile de se faire entendre et parce qu'il est difficile de faire changer notre société et les interactions que nous avons les uns avec les autres.
Il existe des laboratoires de sciences sociales qui regroupent jusqu'à trois disciplines différentes, que ce soit en histoire en sciences de l'éducation en science de gestion et en sociologie, mais qui ont chacun leurs thématiques, leurs identités et leurs normes spécifiques. Bien sûr qu'il existe des axes thématiques "transversaux" mais soyons sérieux deux secondes, travailler en collaboration avec d'autres disciplines que la sienne est très compliquée et parfois mal vue.
Alors à cette question de savoir quelle est la place de la sociologie dans notre monde actuel la réponse est : tant qu'il n'est pas possible de travailler ensemble, la sociologie va peu à peu disparaître, devenir une science marginale.
Quand je parle de collaboration, cela commence entre les disciplines de sociologie, que l'on parle de sociologie des professions, des organisations ou du travail. Il est possible de travailler ensemble et d'innover dans nos techniques en mêlant à la fois les évolutions technologiques et nos vieilles théories qui prennent la poussière.
L'exemple le plus frappant est celui de la simulation sociologique. Comment influencer nos sociétés si on n’a pas une vision globale du monde dans lequel on vit ? Les sociologues ont pour vocation de comprendre, d'analyser nos sociétés, de voir comment elles fonctionnent.
- Un sociologue et un médecin peuvent-ils travailler ensemble ? Oui.
- Un sociologue, un médecin et un philosophe peuvent-ils travailler ensemble ? Oui
- Un sociologue et un ingénieur mécanique peuvent-ils travailler ensemble ? Oui.
Alors il n'y a qu'une seule façon de le vérifier, c'est de tenter l'expérience, de mettre de côté les idéologies, les stéréotypes et d'avancer. Ce n'est pas un monde idéal que je vous propose, mais c'est un monde "réalisable".
Le handicap est une thématique transversale à toutes les disciplines. Alors, que vous soyez médecin, que vous soyez ingénieur, philosophe, économiste, historien et que vous vous sentez concerné par cette question de pluridisciplinarité vous avez votre place dans cette collaboration.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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