21 Mai 2019
Le handicap n'existe pas. Cette affirmation a plusieurs objectifs. Le premier c'est d'ouvrir le débat sur les nombreuses et multiples définitions du handicap. Le deuxième c'est de rappeler les fondements de ce terme, et ce qui au fil des années s'est greffé tout autour en apportant un flou constant sur ce qu'est le handicap.
Le handicap tel qu'on le conçoit actuellement, dans notre société et selon notre culture s'est tellement éloigné de l'idée première, qu'il a perdu son sens premier et exprime son contraire. Le handicap n'existe pas, parce que si c'était réellement le cas il n'y aurait plus d'inégalité sociales, politiques et culturelles.
Ce n'est ni la situation de handicap qui est en cause, ni le handicap lui même mais les déformations successives de ce terme. La différence existe dans nos société et il serait temps de l'accepter et de ne pas tout vouloir "rendre normal". On peut avoir peur de la différence, mais pas du handicap.
La différence n'est pas une accusation, ce n'est pas une insulte, ce n'est pas une moquerie et pourtant, dans nos représentations sociales il vaut mieux être handicapé que différent parce que l'on vit dans une société qui prône la normalité, qui se voile la face.
Le handicap devient alors un bouclier contre la différence et alors que l'on passe des mois, voir des années à chercher une reconnaissance en qualité de travail handicapé, ce n'est là qu'une protection qui nous permet d'accéder au monde du travail, d'accéder à une vie sociale.
Alors certaines personnes différentes qui auraient les moyens, le temps et la patience pour faire valider une demande auprès de la MDPH, ne le font pas, parce qu'elles ne sont pas handicapés, elles sont seulement différentes.
Le handicap n'existe pas, mais la différence si. Il faut travailler sur les différences et pas sur ce qui nous semble normal. Car le handicap est une construction sociale liée à nos représentations, à notre vécu, à nos stéréotypes. Le handicap permet de réduire les différences, de valoriser ceux qui en ont besoin, et de désavantager ceux qui sont trop performant dans le milieu sportif, mais maintenant, c'est un milieu à part.
Le mot s'est transformé et le handicap est devenu la définition même du désavantage. L'adaptation est une forme de handicap, parce qu'elle met à disposition des outils qui vont avantager la personne différente et c'est ce que l'on appelle la discrimination positive. Ce qui amène également la question de l'identité, est-ce le handicap qui fait partie de l'identité ou la différence ?
Il est donc important de souligner que le handicap n'est qu'une définition administrative, un label permettant de mettre en place des subventions mais en aucun cas une description d'une personne.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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