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Une vie avant, pendant et aprés l'ESAT

Une vie avant, pendant et aprés l'ESAT

La notion de parcours du combattant, de ténacité, de pression et le sentiment d'injustice sont parfois le lot quotidien de parents ou d'enfants en situation de handicap.

Comment accepter que son enfant soit différent ? Comment accepter que l'on nous renvoie à chaque étape de l'existence cette différence significative entre le monde ordinaire et adapté ? Comment devenir autonome, indépendant, tout en conservant ses droits et les aides qui aident à compenser les difficultés du quotidien ?

Le "handicapé" n'est pas la figure du héros que l'on voit dans les médias. Il ou elle n'est pas mis(e) en avant seulement pendant quelques occasions rarissimes pour être ensuite oublié et mis de côté. C'est au côté de ces personnes, de ces jeunes et de ces adultes qui vivent au quotidien les difficultés imposées par le monde ordinaire.

Alors, différents parcours vont se mettre en place, un parcours adapté et un parcours ordinaire. Et selon ce choix ou cette obligation imposée par la presssion scolaire, familliale ou professionnelle, la vie entière du jeune en situation de handicap va être impactée.

Mon enfant va t-il aller en ULIS en SEGPA ou en IME et IMPro ? Vais-je aller en ESAT en EA ou dans le milieu ordinaire de travail ?

Ces questions vont être le lot quotidiens de parents ou de jeunes adultes qui veulent accéder au monde professionnel, qui veulent avoir une reconnaissance sociale équivalente aux autres, aux "ordinaires".

L'ESAT semble parfois être la voie de la facilité, mais c'est également la voie qui apporte peu de possibilité d'évolution de carrière. Cela va dépendre du trouble, des adaptations nécessaires, de la volonté du jeune qui entre en ESAT. Mais s'il reste en ESAT, il reste un usager et pas un salarié. L'ESAT n'est plus une étape de transition vers le milieu ordinaire de travail comme il a été pensé dans la loi du 11 février 2005, il devient un acteur économique, qui a besoin d'être rentable pour survivre, qui a besoin de faire du profit en plus des subventions qu'il reçoit de l'état.

C'est un espace de travail qui permet à ceux qui ont le plus de difficulté ou qui ne souhaitent pas aller en milieu de travail d'ordinaire d'avoir une activité professionnelle, de se spécialiser, de faire des stages, des formations. Mais comme tout lieu d'accueil de personnes en situation de handicap, il va devenir un lieu d'exclusion et de mise à l'écart de cette population dite fragile.

Et puis, il y a ceux qui refusent d'y aller, qui refuse le milieu adapté ou protégé et c'est là que les questions d'orientation et de prise en charge se posent véritablement. Parce que s'ils refusent d'entrer dans le système normé, ils vont se retrouver "comme tout le monde", ils vont aller à pôle emploi, dans des maisons d'interim.

Comme tout le monde ? Oui, dans le cadre administratif du terme, mais à pôle emploi, même s'il existe une cellule handicap, leur objectif va être de rediriger ces personnes vers cap emploi, vers les MDPH, comme si l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap n'était pas possible sans les structures spécialisées. Ces travailleurs en recherche d'emploi vont alors refuser d'aller à cap emploi, de se faire reconnaître travailleur handicapé.

Ils sont alors en lutte contre le système adapté, parce qu'il n'est pas inclusif, il est seulement adapté et pas compréhensif. Il est accessible mais pas confortable. Certes, il est facile de proposer des ordinaires à des enfants dyspraxiques, dyslexiques, mais si l'enseignant refuse les adaptations ? S'il refuse les tiers temps ?

Créer des outils est essentiel pour l'évolution des pratiques et des prises en charge, mais s'ils facilitent la vie à un enfant, pourquoi ne pas le proposer à tous les enfants ? Pourquoi penser l'inclusion scolaire que pour les enfants à besoins éducatifs spécialisés et pas pour tous les enfants ?

 

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À propos
Jérôme Jouret

Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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