2 Février 2021
Plus j'avance dans ma recherche, entre les contextes institutionnels, les législations différentes, les statistiques qui se contredisent et qui souhaitent avoir un objectif de revendication, plus cette question m'interpelle… et jusqu'à ce jour, rares sont les réponses que j'ai pu avoir à ce sujet.
Lorsque l'on parle d'emploi, d'insertion professionnelle des travailleurs handicapés vient l'image du fauteuil roulant bleu, du handicap physique. Mais lorsque l'on plonge dans les aides, les financements des jeunes en situation de handicap, on se retrouve on niveau des adaptations scolaires.
La question de l'inclusion scolaire est sur toutes les lèvres, sur tous les débats, parce qu'il y a des mesures spécifiques pour les enfants à besoins éducatifs particuliers, parce qu'il y a une obligation de scolarisation. Mais dés lors que la question de l'emploi apparait.
Le retour à la réalité est brutal : on entend parler de Pôle emploi qui nous redirige vers Cap Emploi seulement si on est passé par une MDPH. Mais la moyenne d'âge à cap emploi est plus proche de 50 ans que de 25 ans. Pourquoi ?
Parce que dans la masse des nouvelles demandes de RQTH, la part des demandes liées aux jeunes travailleurs handicapés n'est pas une catégorie a part entière. Elle se mélange avec les réorientations professionnelles, les accidents du travail.
Alors que les besoins, les attentes et les demandes jeunes travailleurs handicapés qui viennent de sortir du milieu scolaire adapté ou non, ne sont pas les mêmes et qu'il devrait exister une catégorie spécifique liée à cette population en transition professionnelle.
Les jeunes travailleurs handicapés vont-ils à Cap emploi ?
Les jeunes travailleurs handicapés passent-ils par la case MDPH ?
Et finalement, quelles sont les structures spécialisées dans l'accompagnement à l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés ?
Le monde scolaire et/ou universitaire sont très éloignées du monde professionnel et ce décalage est encore plus frappant en termes de mesures, de financements possibles et d'adaptations. Il n'existe que peu de continuité entre le milieu scolaire et le milieu professionnel pour les jeunes travailleurs handicapés.
L'inclusion n'est pas une réussite tant qu'elle n'est pas pérenne dans le temps et qu'elle n'aborde pas la question du maintien et de la continuité. Les enseignants, tout comme les formateurs ne sont pas seulement responsables de leurs enseignements ou de leur formation, mais également du suivi de leurs formés ou de leurs élèves.
D'ailleurs la sortie du milieu scolaire ordinaire d'un enfant en situation de handicap ne devrait pas être considéré comme l'aboutissement d'un long et difficile parcours du combattant, mais comme une simple étape dans le parcours de l'enfant.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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