11 Juin 2024
Qu'est-ce que l'anormalité ?
L'anormalité, selon Michel Foucault (Foucault, 1999), se réfère aux comportements, aux caractéristiques ou aux identités qui s'écartent de ce que la société considère comme normatif ou conforme aux normes établies à une époque donnée. Il a exploré la manière dont la société, à travers le pouvoir et les institutions, définit et régule ce qui est considéré comme normal et ce qui est considéré comme anormal.
Foucault (Foucault, 1999) a souligné que la définition de l'anormalité varie dans le temps et l'espace, ce qui signifie que ce qui est considéré comme anormal à une époque ou dans une culture peut ne pas l'être dans une autre. Il a également mis en évidence comment le concept d'anormalité a été utilisé pour justifier des pratiques de surveillance, de contrôle et d'exclusion sociale, notamment dans le domaine de la psychiatrie et de la criminalité. (Foucault, 1999)
Qu'est-ce que la normalisation ?
Le processus de normalisation est conçu dans cette recherche comme un processus d’équilibrage, de retour à la norme d’une population, des dispositifs ou des pratiques des professionnels qui sont variées et multiforme. L’adaptation est une forme de normalisation, l’intégration est une forme de normalisation et l’inclusion est également une forme de normalisation même si la dynamique de l’inclusion va dans le sens d’une adaptation du milieu ordinaire pour accueillir l’a-normal.
L'adaptation est une forme de normalisation qui implique que les individus ou les éléments s'ajustent aux attentes et aux normes sociales existantes. Cela peut signifier que des changements sont apportés pour mieux correspondre à la norme, que ce soit au niveau individuel ou au niveau des pratiques institutionnelles.
L'intégration est également une forme de normalisation qui implique l'incorporation d'individus ou d'éléments dans des structures ou des systèmes existants, tout en respectant les normes et les attentes établies par ces structures. L'intégration vise à créer une harmonie entre les éléments intégrés et les normes en vigueur.
La normalisation, bien que souvent perçue comme une démarche « en continu », peut être considérée comme une forme de normalisation. Dans ce cas, elle consiste à adapter le contexte spatial pour accueillir des individus ou des éléments qui sont considérés comme atypiques ou déviants par rapport à la norme. La normalisation reconnaît la diversité et cherche à créer des espaces qui tiennent compte des besoins individuels tout en maintenant une cohérence avec les normes sociales établies.
Le processus de normalisation cherche à ramener à la norme des éléments variés et à favoriser l'adaptation et l'intégration tout en reconnaissant que ces processus peuvent nécessiter des ajustements pour accommoder la diversité.
Le processus de normalisation n'est pas figé dans le temps ou dans l'espace. Les normes sociales évoluent, ce qui signifie que ce qui est considéré comme normal peut changer avec le temps. De plus, la normalisation peut être un sujet de débat, car elle peut entraîner des questions de pouvoir et de contrôle, notamment en ce qui concerne la définition de la norme et la manière dont elle est imposée.
Les auteurs qui sont au cœur de cette conceptualisation du processus de normalisation sont Foucault (Foucault, 1999), Goffman(Goffman & Kihm, 1975) mais également Becker (Becker, 2020).
Que veut dire segmentation ?
La segmentation dans cette recherche est conçue à l’opposé de la normalisation. La segmentation c’est ce qui sépare, ce qui catégorise et ce qui segmente, que ce soit les pratiques des professionnels, les types de dispositif ou d’institution. La segmentation met en place des barrières et qui sont parfois synonyme d’exclusion ou de désinstitutionalisation. Etudier et analyser la segmentation c’est aussi aborder la discrimination, la déviance (Becker, 2020), Goffman (Goffman & Kihm, 1975), l’exclusion et les différentes modalités de traitement de l’anormalité (Foucault, 1999).
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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