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La répartition des types de Handicap

La répartition des types de Handicap

L'analyse statistique de la diversification des types de handicap et de leur répartition entre milieu ordinaire, milieu protégé (comme les ULIS), et IME (Instituts Médico-Éducatifs) illustre différents points en lien avec le processus de normalisation et de segmentation de la population des jeunes travailleurs handicapés notamment :


- Segmentation selon la nature du handicap : existe-t-il des tendances et des priorités en matière d'éducation et d'inclusion ?


- Critère médical utilisé dans le traitement social : certains types de handicaps sont-ils plus fréquemment orientés vers des structures protégées ? les décisions sont-elles prises principalement sur des critères médicaux plutôt que sur les besoins individuels et éducatifs des élèves ?


- Influence sur l'insertion professionnelle : le but est-il d’évaluer comment cette répartition pourrait influencer la transition vers le monde du travail ?


- Réflexion sur l'inclusion : ces statistiques mettent-elles en avant certaines pratiques en matière d’inclusion ? qu’en est-il des réussites et des difficultés de l'inclusion scolaire pour aider à formuler des recommandations pour une inclusion plus efficace ?


Les statistiques qui suivent tentent d’apporter certains éléments de réponse à ces questionnements.

Tableau récapitulatif des modes de scolarisation en milieu ordinaire selon la nature du trouble en 2006, 2010 et 2015 : premier degré.

Nature du trouble

2006

2010

2015

Taux d’évolution (2006-2015)

Intellectuel ou cognitif

Classe ordinaire : 18 493

Classe ordinaire : 28 076

Classe ordinaire : 32 653

43.36%

ULIS : 29 428

ULIS : 33 804

ULIS : 36 395

19.14%

Part des élèves en ULIS (%) : 61

Part des élèves en ULIS (%) : 55

Part des élèves en ULIS (%) : 53

 

Du psychisme

Classe ordinaire : 17 656

Classe ordinaire : 19 822

Classe ordinaire : 28 379

37.78%

ULIS : 4 316

ULIS : 3 574

ULIS : 4 588

0.05%

Part des élèves en ULIS (%) : 20

Part des élèves en ULIS (%) : 15

Part des élèves en ULIS (%) : 14

 

Du langage ou de la parole

Classe ordinaire : 9 080

Classe ordinaire : 10 809

Classe ordinaire : 18 137

49.93%

ULIS : 1 093

ULIS : 1 599

ULIS : 2 313

52.74%

Part des élèves en ULIS (%) : 11

Part des élèves en ULIS (%) : 13

Part des élèves en ULIS (%) : 11

 

Auditif

Classe ordinaire : 3 325

Classe ordinaire : 3 377

Classe ordinaire : 3 344

0.005%

ULIS : 807

ULIS : 666

ULIS : 745

-0.08%

Part des élèves en ULIS (%) : 20

Part des élèves en ULIS (%) : 16

Part des élèves en ULIS (%) : 18

 

Visuel

Classe ordinaire : 1 887

Classe ordinaire : 2 156

Classe ordinaire : 2 265

 

ULIS : 294

ULIS : 292

ULIS : 251

 

Part des élèves en ULIS (%) : 13

Part des élèves en ULIS (%) : 12

Part des élèves en ULIS (%) : 10

 

Viscéral

Classe ordinaire : 7 000

Classe ordinaire : 3 259

Classe ordinaire : 2 213

 

ULIS : 199

ULIS : 128

ULIS : 147

 

Part des élèves en ULIS (%) : 3

Part des élèves en ULIS (%) : 4

Part des élèves en ULIS (%) : 6

 

Moteur

Classe ordinaire : 5 513

Classe ordinaire : 8 454

Classe ordinaire : 9 194

40.03%

ULIS : 914

ULIS : 1 028

ULIS : 1 066

14.25%

Part des élèves en ULIS (%) : 14

Part des élèves en ULIS (%) : 11

Part des élèves en ULIS (%) : 10

 

Plusieurs associés

Classe ordinaire : 6 102

Classe ordinaire : 5 653

Classe ordinaire : 10 311

 

ULIS : 2 389

ULIS : 1 771

ULIS : 2 537

 

Part des élèves en ULIS (%) : 28

Part des élèves en ULIS (%) : 24

Part des élèves en ULIS (%) : 20

 

Autres

Classe ordinaire : 2 343

Classe ordinaire : 1 703

Classe ordinaire : 5 186

 

ULIS : 244

ULIS : 123

ULIS : 319

 

Part des élèves en ULIS (%) : 9

Part des élèves en ULIS (%) : 7

Part des élèves en ULIS (%) : 6

 

Total premier degré

Classe ordinaire : 71 399

Classe ordinaire : 83 309

Classe ordinaire : 111 682

36.06%

ULIS : 39 684

ULIS : 42 985

ULIS : 48 361

17.94%

Part des élèves en ULIS (%) : 36

Part des élèves en ULIS (%) : 34

Part des élèves en ULIS (%) : 30

 

 

(Source DEPP 2016)

Tableau récapitulatif des modes de scolarisation en milieu ordinaire selon la nature du trouble en 2006, 2010 et 2015 : second degré.

 

Nature du trouble

2006

2010

2015

Taux d’augmentation (2006-2015)

Intellectuel ou cognitif

(Second degré)

Classe ordinaire : 5 375

Classe ordinaire : 13 810

Classe ordinaire : 17 086

68.54%

ULIS : 6 129

ULIS : 14 842

ULIS : 25 601

76.05%

Part des élèves en ULIS (%) : 53

Part des élèves en ULIS (%) : 52

Part des élèves en ULIS (%) : 60

 

Du psychisme

(Second degré)

Classe ordinaire : 5 397

Classe ordinaire : 10 128

Classe ordinaire : 16 344

66%

ULIS : 903

ULIS : 1 538

ULIS : 3 271

72%

Part des élèves en ULIS (%) : 14

Part des élèves en ULIS (%) : 13

Part des élèves en ULIS (%) : 17

 

Du langage ou de la parole

(Second degré)

Classe ordinaire : 8 400

Classe ordinaire : 13 071

Classe ordinaire : 23 166

63%

ULIS : 452

ULIS : 1 359

ULIS : 2 996

84%

Part des élèves en ULIS (%) : 5

Part des élèves en ULIS (%) : 9

Part des élèves en ULIS (%) : 11

 

Auditif

(Second degré)

Classe ordinaire : 2 594

Classe ordinaire : 2 853

Classe ordinaire : 2 922

 

ULIS : 466

ULIS : 546

ULIS : 575

 

Part des élèves en ULIS (%) : 15

Part des élèves en ULIS (%) : 16

Part des élèves en ULIS (%) : 16

 

Visuel

(Second degré)

Classe ordinaire : 1 976

Classe ordinaire : 2 080

Classe ordinaire : 2 286

 

ULIS : 149

ULIS : 152

ULIS : 264

 

Part des élèves en ULIS (%) : 7

Part des élèves en ULIS (%) : 7

Part des élèves en ULIS (%) : 10

 

Viscéral

(Second degré)

Classe ordinaire : 4 337

Classe ordinaire : 2 539

Classe ordinaire : 1 535

 

ULIS : 46

ULIS : 60

ULIS : 127

 

Part des élèves en ULIS (%) : 1

Part des élèves en ULIS (%) : 2

Part des élèves en ULIS (%) : 8

 

Moteur

(Second degré)

Classe ordinaire : 4 191

Classe ordinaire : 7 333

Classe ordinaire : 11 083

62%

ULIS : 629

ULIS : 995

ULIS : 1 224

48%

Part des élèves en ULIS (%) : 13

Part des élèves en ULIS (%) : 12

Part des élèves en ULIS (%) : 10

 

Plusieurs associés

(Second degré)

Classe ordinaire : 1 485

Classe ordinaire : 2 029

Classe ordinaire : 5 212

 

ULIS : 503

ULIS : 687

ULIS : 1 760

 

 

Part des élèves en ULIS (%) : 25

Part des élèves en ULIS (%) : 25

Part des élèves en ULIS (%) : 25

 

Autres

(Second degré)

Classe ordinaire : 1 173

Classe ordinaire : 1 022

Classe ordinaire : 3 241

 

ULIS : 73

ULIS : 50

ULIS : 242

 

Part des élèves en ULIS (%) : 6

Part des élèves en ULIS (%) : 5

Part des élèves en ULIS (%) : 7

 

Total second degré

Classe ordinaire : 34 928

Classe ordinaire : 54 865

Classe ordinaire : 82 875

 

ULIS : 9 350

ULIS : 20 229

ULIS : 36 060

 

Part des élèves en ULIS (%) : 21

Part des élèves en ULIS (%) : 27

Part des élèves en ULIS (%) : 30

 

 

(Source DEPP 2016)

Selon les données fournies par ces deux tableaux concernant le premier degré et le second degré, le trouble intellectuel et cognitif semble le plus représenté que ce soit dans le secteur protégé (ULIS) et le milieu ordinaire. Ces données montrent qu’il y a une augmentation et une diversification des troubles dans le milieu ordinaire, avec notamment avec l’augmentation des troubles psychiques, des troubles de la parole et du langage. 


Cette diversification est due à plusieurs éléments qui seront traités dans la partie liée à l’analyse des résultats et le cadre législatif, mais elle tient en différents points :


-    L’évolution des politiques d’inclusion : Au cours des dernières décennies, de nombreux pays ont adopté des politiques d’inclusion scolaire visant à offrir à tous les élèves, quel que soit leur handicap, la possibilité de fréquenter une école ordinaire. Ces politiques encouragent la diversification des types de handicaps des établissements scolaires.
-    Sensibilisation accrue : La sensibilisation aux différents types de handicaps s’est accrue, ce qui a conduit à une meilleure identification et reconnaissance des handicaps dans le milieu scolaire. Les professionnels de l’éducation, les familles et la société en général ont développé une compréhension plus large et une acceptation de la diversité des besoins des élèves en situation de handicap.
-    Progrès médicaux et technologiques : Les progrès médicaux et technologiques ont permis d’améliorer le dépistage et le diagnostic précoce de certains handicaps, ce qui a conduit à meilleur suivi et à une inclusion précoce des élèves dans le système scolaire ordinaire.
-    Lutte contre la stigmatisation : La lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au handicap a contribué à l’inclusion des élèves en situation de handicap dans les écoles ordinaires. Cette évolution sociale favorise la diversification des types de handicaps présents dans le milieu scolaire.
-    Adaptation des pratiques pédagogiques : Les éducateurs ont développé des pratiques pédagogiques plus inclusives pour répondre aux besoins variés des élèves en situation de handicap.

Cela a permis d’accueillir un plus large éventail de handicaps dans les écoles ordinaires.
Cette augmentation de la diversité des troubles dans le secteur scolaire ordinaire pose néanmoins quelques limitations qui seront analysées plus loin par le biais l’analyse plus précise des entretiens.


-    Ressources insuffisantes : L’inclusion scolaire nécessite des ressources adéquates pour fournir un soutien et des aménagements raisonnables aux élèves en situation de handicap. Cependant, il y a des contraintes budgétaires et des limitations de ressources matérielles, humaines et financières, ce qui rend difficile la mise en place d’un accompagnement adapté pour tous les élèves.
-    Manque de formation et d’expertise : Les enseignants et le personnel éducatif manquent parfois de formation spécialisée pour répondre aux besoins spécifiques des élèves en situation de handicap. Ils se sentent peu préparés pour fournir un soutien adéquat et efficace, ce qui entraîne parfois des obstacles dans la mise en œuvre de l’inclusion scolaire.
-    Barrières architecturales et matérielles : Certains établissements scolaires ne sont parfois pas forcément adaptés pour accueillir des élèves en situation de handicap. Des barrières architecturales, telles que des escaliers sans rampe d’accès ou des salles de classe inadaptées, rendent difficile l’accès physique des élèves handicapés à l’éducation inclusive. De plus, le matériel pédagogique et les technologies utilisées ne sont parfois pas accessibles à tous les élèves.
-    Stigmatisation et exclusion sociale : Bien que l’inclusion scolaire vise à favoriser la participation et l’intégration des élèves en situation de handicap, il y a des situations de stigmatisation, de préjugés ou d’exclusion sociale de la part de leurs pairs. Les élèves handicapés sont confrontés aux obstacles relationnels et sociaux entravant parfois leur expérience éducative et leur bien-être psychosocial.
-    Besoins spécifiques non couverts : La diversité des types de handicaps implique des besoins variés et spécifiques qui ne sont pas pleinement pris en compte dans le cadre de l’inclusion scolaire.

Certains élèves nécessitent des soutiens plus intensifs, des adaptations curriculaires plus importantes ou des aménagements particuliers qui sont difficiles à constituer dans un contexte d’inclusion généralisée.


L’hypothèse formulée ici concernant la scolarisation est que la variété des types de handicaps, en particulier l’accroissement de cette diversité dans le domaine scolaire ordinaire, influe sur la diversité des approches des pratiques et des professionnels (enseignants et des intervenants) dans le cadre de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes travailleurs handicapés.
 

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À propos
Jérôme Jouret

Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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