24 Juin 2024
L'inclusion scolaire vise à garantir une éducation de qualité dans un espace inclusif pour tous les élèves, indépendamment de leur handicap. Elle implique des adaptations pédagogiques, l'accès aux ressources et à un soutien approprié, ainsi que la promotion d'une culture inclusive au sein des établissements scolaires.
Cependant, cette inclusion scolaire est soumise à certains freins, notamment en termes d’adaptation, de segmentation des pratiques et de formation des futurs enseignants. Le monde de l’inclusion scolaire est un espace de confrontation et de tensions entre les processus de normalisation et les processus de segmentation : les politiques d'inclusion encouragent la diversité des types de handicaps dans les écoles ordinaires, mais les pratiques et les adaptations demandées sont complexes à développer. Comment répondre à la fois à la demande d’inclusion et d’adaptation des pratiques pédagogiques ?
Des difficultés persistent, notamment en ce qui concerne l'accessibilité physique des infrastructures scolaires, le manque de ressources humaines spécialisées, la diversité des besoins spécifiques des élèves en situation de handicap, la sensibilisation et la formation des professionnels de l'éducation, ainsi que la persistance de préjugés et de stigmatisation. De plus, les données illustrent une diversification des types de handicap et leur répartition entre le milieu ordinaire, le milieu protégé (ULIS) et l'Institut Médico-Éducatif (IME). Cela soulève des questions sur la segmentation de la population des élèves à besoin éducatif particulier par rapport aux critères de prise de décision et l'impact sur l’inclusion scolaire, ainsi que sur les pratiques en matière d'inclusion. Les élèves à besoin éducatif particulier font face à la stigmatisation et à l'exclusion sociale.
Le taux de scolarisation des jeunes travailleurs handicapés est une donnée importante pour évaluer le niveau d’inclusion et l’accès à l’éducation de cette population spécifique. Il indique le pourcentage de jeunes travailleurs handicapés qui sont effectivement scolarisés à l’intérieur des établissements d’enseignement.
Afin de mieux comprendre l'évolution du taux de scolarisation des jeunes travailleurs handicapés, examinons les données concernant le taux de scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers dans la période de 2004 à 2018, en mettant en évidence les différentes catégories, notamment les élèves en classe ordinaire, ceux bénéficiant du dispositif PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation), ainsi que les élèves intégrés dans des ULIS (Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire).
D’après les données présentées, voici les éléments principaux à retenir concernant de la scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap :
- Augmentation constante : Le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés a connu une augmentation régulière entre 2004 et 2018. Le chiffre est passé de 96 396 à 185 563 dans le premier degré, et de 37 442 à 152 232 dans le second degré.
- Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) : Le nombre d’élèves bénéficiant d’un PPS a augmenté, passant de 89 045 en 2006 à 185 563 en 2018 dans le premier degré, et de 28 789 à 152 232 dans le second degré.
- Répartition entre classe ordinaire et ULIS : On observe une augmentation du nombre d’élèves en classe ordinaire ainsi que dans les Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire (ULIS). La répartition entre ces deux types d’inclusion varie légèrement d’une année à l’autre, mais en général, la majorité des élèves en situation de handicap sont scolarisés en classe ordinaire.
- Pourcentage d’élèves scolarisés dans le secteur public : Environ 90% des élèves en situation de handicap sont scolarisés dans le secteur public. Ce pourcentage reste relativement stable au fil des années.
Cette évolution est néanmoins limitée et sujette aux tensions et des incompréhensions notamment des limitations concernant :
- L’accessibilité physique : Les infrastructures scolaires ne sont pas toujours pleinement adaptées aux besoins spécifiques des élèves en situation de handicap. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir un accès physique adéquat aux bâtiments scolaires, aux salles de classe, aux équipements et aux installations.
- Le manque de ressources humaines : L’accompagnement personnalisé des élèves en situation de handicap nécessite souvent des ressources humaines spécialisées, telles que des enseignants spécialisés, des auxiliaires de vie scolaire et des professionnels de santé. Cependant, il existe une pénurie des professionnels dans de nombreux systèmes éducatifs, ce qui limite la qualité et l’ampleur de l’accompagnement offert aux élèves. Ces éléments liées au manque de ressources humaines ont été davantage développés dans le rapport du 26 aout 2022.
Jérôme Jouret est docteur en sociologie et a soutenu sa thèse sur le monde de l'insertion professionnelle des jeunes travailleurs handicapés : entre segmentation et normalisation le 26 janvier 2024 à l'université de Reims Champagne Ardennes sous la codirection d’Emmanuelle Leclercq et Florence Legendre. Il est titulaire d’un master de science de l’éducation, orientation pratique et ingénierie de la formation dans un parcours Handicap et Besoin Éducatif Particulier, d’une maîtrise en psychopathologie et d’une licence en psychologie. Il a réalisé son mémoire de master sur le thème des besoins de formation des travailleurs d’ESAT en Champagne Ardennes sous la direction de Florence Legendre et en partenariat avec l’UNIFAF Châlons en Champagne. Actuellement en poste au sein de l'éducation nationale en tant que Coordonnateur Conseil MLDS ( Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire).
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